Le ministère de la Défense israélien cherche à développer les exportations de matériels de défense à la suite de la crise des coronavirus, y compris les systèmes permettant de tracer les civils. La Direction de la coopération internationale en matière de défense (SIBAT) du ministère a publié un appel à propositions auprès d’entreprises civiles afin de lui fournir des renseignements commerciaux concernant l’exportation vers « tous les pays du monde, à l’exception des États avec lesquels le commerce est interdit (Iran, Liban, Syrie) ».
Une part importante des demandes figurant dans l’appel à propositions concerne les besoins en sécurité publique de divers pays. Des spécialistes estiment que les exportations répondant aux besoins de sécurité interne prendront à l’avenir une plus grande part dans le commerce de matériel de défense, puisque la crise économique engendrée par la pandémie dans de nombreux pays pourrait entraîner des manifestations de grande envergure déstabilisant éventuellement certains régimes.
Les entreprises qui feront des offres devront fournir des informations sur les besoins des pays cibles en matière de mesures biométriques, de systèmes de suivi des personnes et des véhicules et de systèmes de reconnaissance des visages, des voix, des images, des plaques d’immatriculation, de mesures de géolocalisation cellulaire, de systèmes de cybersécurité intelligents et de logiciels de blocage ou d’interception des informations en ligne.
En plus des marchés publics de sécurité interne, le ministère de la Défense recherche aussi des renseignements sur l’usage et les besoins des pays en matière de chars, de missiles anti-chars, d’artillerie, de systèmes de défense aérienne, d’avions, d’hélicoptères et de navires de combat ainsi que de systèmes de missiles, de simulateurs et de dispositifs de guerre électroniques pour les engins aériens et les navires.
Il est aussi demandé aux entreprises qui répondront à l’appel d’offres de fournir des informations qui pourraient être utilisées par les industries israéliennes de défense pour favoriser les exportations. A l’exception de l’analyse des besoins en matière de sécurité des pays ciblés, elles seraient chargées de constituer des « dossiers par pays », remis à jour plusieurs fois par an. Cela concernerait des des informations d’ordre général sur chaque État, sur ses personnalités de premier, sur son système politique et ses relations extérieures, ainsi qu’un aperçu des menaces externes et internes et des données économiques (sur son budget de la Défense et sur sa politique en matière de marchés publics dans le domaine de la défense).
Le projet du ministère de la Défense israélien concerne tous les pays sauf ceux qu’Israël désigne comme états ennemis. Il semble que le ministère cible les états asiatiques comme principale voie de développement des exportations israéliennes. Il est demandé aux entreprises répondant à l’appel d’offre de donner un aperçu de la demande de ces pays en matière de « drones tactiques » et « systèmes navals ». À l’exception de l’’Iran, du Liban et de la Syrie, avec lesquels les lois israéliennes interdisent de faire du commerce, l’appel d’offres ne fait aucune référence à d’autres pays qui pourraient poser des problèmes en ce qui concerne le commerce d’équipements de défense ou la façon dont ces équipements peuvent être utilisés.
Le ministère de la Défense a déclaré qu’il « considère les industries de la défense et les exportations liées à la sécurité comme un des principaux leviers de la croissance du marché israélien. La Direction de la Coopération Internationale en matière de Défense soutient et accompagne les exportateurs du secteur de la défense à longueur d’année mais aujourd’hui aussi, notamment à la suite de la crise du coronavirus. Ceci est sous réserve de leur respect de la politique de surveillance des exportations de matériels de défense ».
Il ajoute que depuis de nombreuses années, il a fourni « des informations et des renseignements commerciaux dans les domaines liés aux exportations de matériels de défense ».
Le ministère a déclaré que l’appel d’offres est actuellement en cours de publication parce que le contrat avec son fournisseur actuel finira bientôt, et a mis l’accent sur le fait que « cette procédure n’a rien à voir avec la crise du coronavirus ».
Traduction de Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers