Dans ce petit supermarché du centre de Gaza, les clients ne se bousculent pas. Les ventes ont baissé, au grand désespoir d’Abdallah Mohamed Hanyeh venu vérifier l’état des stocks. Ce quadragénaire importe shampooings, savons et produits d’entretien dans la bande de Gaza. Mais les commerces ne lui passent plus guère commande : « Mon activité a chuté de 70 ou 80%. Avant, je faisais entrer 2 à 3 camions par mois. Mais sur les 4 derniers mois, je n’ai pas vendu le contenu d’un seul camion. » Depuis le mois de mai, Abdallah Mohamed Hanyeh a dû licencier trois de ses quatre salariés. Et il craint pour la survie de sa société.
Au dernier trimestre 2017, le nombre de chèques impayés à Gaza a explosé : ils représentaient un montant de 30 millions de dollars. Et des milliers de commerçants ont été arrêtés pour défaut de paiement. Faysal Shawa dirige quatre sociétés dans l’enclave palestinienne. Pour lui, Gaza souffre d’un manque de confiance en l’avenir. « Cela n’est pas dû uniquement au siège israélien, dit-il, mais aussi aux difficultés que le gouvernement a à reprendre le contrôle de Gaza. C’est de là que vient l’incertitude. »
Avec un taux de chômage qui se situait déjà à 50% et 7 habitants sur 10 qui vivent sous le seuil de pauvreté, cette détérioration de la situation économique plonge le territoire dans des abîmes, estime Omar Chaabane, directeur du centre de réflexion PalThink : « La situation à Gaza est sans précédent. Les indicateurs traditionnels ne peuvent en rendre compte. Elle nécessite une nouvelle définition. »