« Au cours des cinq dernières semaines, cinq enfants ont été tués et des centaines ont été blessés lors de manifestations largement pacifiques à Gaza. » C’est par ces mots, sans ambages, que le directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Geert Cappelaere, a débuté sa déclaration sur le sort des enfants dans la Bande de Gaza, le 4 mai dernier, depuis Amman, la capitale jordanienne.
L’ancien président de la Commission royale belge sur la maltraitance et l’exploitation des enfants de poursuivre : « En plus des blessures physiques, les enfants montrent des signes de détresse et de traumatismes graves », alors que « les coupures d’électricité et les pénuries de carburant […] compliquent l’accès aux soins pour les blessés. »
Réponse disproportionnée
Début mai, un représentant spécial de l’organisation internationale a d’ailleurs rendu visite à un jeune de 14 ans, blessé par balle, a indiqué M. Cappelaere. Souffrant d’une « blessure grave près de son cœur », le garçon « est maintenant à la maison après avoir passé deux semaines à l’hôpital ». « L’escalade de la violence à Gaza a exacerbé les souffrances des enfants dont la vie est déjà insupportablement difficile depuis plusieurs années » a-t-il également renseigné. « La moitié des enfants dépendent de l’aide humanitaire et un enfant sur quatre a besoin de soins psychosociaux » que les organisations pas plus que le système gazaoui de santé, « très fragile », ne parviennent à procurer.
Et la situation n’est pas près de s’estomper. De nombreux Palestiniens, « en majorité des blessés par balles », manifestant le long de la frontière entre Gaza et Israël, affluent dans les hôpitaux, cliniques ou centres de fortune du petit territoire palestinien. Des hommes et des enfants, en particulier, blessés par l’armée israélienne lors des rassemblements, pacifiques selon eux, qui se tiennent chaque vendredi depuis un mois à présent. Les forces de l’ordre de l’Etat hébreu affirmant de leur côté qu’il s’agit de personnes ayant tenté d’attaquer la frontière. Fin avril dernier, les Nations unies (ONU) ont condamné les tirs israéliens, considérés comme une réponse disproportionnée aux manifestations.
« Droit au retour »
En un peu moins de cinq semaines, plus de 3 000 personnes ont été blessées, dont 1 700 par balles. Dans deux tiers des cas, ce sont les jambes qui étaient visées, indique France Info, citant le docteur Marwan Abu Sada, médecin-chef de l’hôpital central de Gaza. « Ils visent avec une volonté de faire des manifestants handicapés à vie » selon lui, les genoux étant la partie du corps la plus délicate à réparer.
D’autant plus que les circonstances ne sont pas optimales pour la prise en charge des blessés. « L’approvisionnement minimal en électricité à Gaza a perturbé les services d’eau et d’assainissement, réduisent sévèrement la disponibilité de l’eau potable » a noté par ailleurs Geert Cappelaere.
Hier, dans un communiqué, l’armée israélienne a de son côtéaffirmé avoir tué trois Palestiniens, qui tentaient d’endommager la barrière de sécurité et de s’infiltrer dans le pays. Une information confirmée par le ministère de la Santé de la Bande que Gaza. Ces décès portent à 52 le nombre de Palestiniens tués par Tel-Aviv depuis le 30 mars et le début de la marche pour le « droit au retour ». Leur revendication ? La possibilité de retourner sur les terres dont ils ont été chassés ou qu’ils ont fui lors de la création d’Israël en 1948. Les réfugiés palestiniens sont aujourd’hui plus de 5 millions à travers le monde – soit près de 60 % de la communauté palestinienne – et vivent à 90 % dans les territoires palestiniens et les pays arabes limitrophes.