Il s’imaginait déjà devant la Maison Blanche, tout sourire, se prenant en selfie pour immortaliser un premier voyage à l’étranger. En avril, Wesam Al-Naouq a cru qu’il pourrait bénéficier de la plus belle des permissions pour sortir de la bande de Gaza. Le jeune homme venait d’être sélectionné dans un programme pour futurs leaders au sein de la prestigieuse Université de Georgetown, à Washington.
Pendant trois mois, il a attendu un permis israélien afin de se rendre au consulat américain à Jérusalem, en vue d’obtenir un visa. Mais le permis n’est jamais arrivé, sans explication officielle. « Ils ne m’ont pas tué, mais ils ont tué mon rêve », écrivit alors Wesam Al-Naouq sur les réseaux sociaux.
Etre jeune à Gaza ressemble à une longue peine. On pourrait citer les chiffres affolants du chômage (60 %), le poids du conservatisme religieux, la main de fer du Hamas pendant dix ans sur le territoire palestinien, une décennie marquée par trois guerres contre Israël et un blocus. On pourrait évoquer la misère, l’insalubrité, les diplômes qui ne servent qu’à décorer les murs. Tout cela est vrai.
« Relâcher la douleur »
Mais la plus grande douleur est l’enfermement lui-même. Le sentiment qu’au dehors de cette langue de terre de 40 kilomètres de long, où se serrent aujourd’hui 2 millions de personnes, le monde palpite, change, offre des possibilités éphémères, et qu’on ne peut en contempler les reflets qu’à travers l’écran d’un smartphone. A Gaza, Facebook est à la fois une addiction et un poison lent.
Que faire de cette douleur ? Chacun cherche un dérivatif. Certains Gazaouis l’ont trouvé dans l’écriture. Etudiant en quatrième année à l’université d’Al-Azhar (Gaza-ville), Wesam a rejoint un groupe de Palestiniens anglophones, décidés à traduire noir sur blanc leur frustration, leur colère, parfois aussi leurs espoirs.
Wesam est un grand gaillard de près de deux mètres, à la barbe élégamment taillée et aux yeux d’une bienveillance...
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