La bande de Gaza revient sur la carte des préoccupations internationales. Ce n’est jamais bon signe. Certes, il serait bien imprudent d’annoncer un conflit imminent. Ni les Israéliens ni le Hamas, qui contrôle le territoire depuis 2007, ne le souhaitent aujourd’hui, pour des raisons différentes. Le coût en serait dévastateur, la durée imprévisible, l’issue incertaine. Mais le baril de poudre se remplit ; reste à connaître l’étincelle éventuelle et la longueur de la mèche.
Depuis l’opération « Bordure protectrice » à l’été 2014, la situation a été calme. Une cinquantaine de roquettes isolées ont été tirées vers Israël, surtout par des groupuscules salafistes, sans faire de dégâts, entraînant sur-le-champ une réplique mesurée de l’aviation israélienne. Tandis que les Gazaouis se consacraient à la reconstruction de leurs logements détruits, avec les contraintes imposées par le blocus israélien et égyptien, le Hamas préparait le renouvellement de sa direction et son ripolinage idéologique.
Derrière ce répit, pourtant, l’équation demeurait inchangée : deux millions de personnes enfermées à ciel ouvert ; la confrontation entre le Fatah et le Hamas ; la gestion sécuritaire vigilante par Israël, sans stratégie à long terme. L’élément nouveau, qui vient bousculer ce calme, est la volonté de Donald Trump de relancer des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP), tout en désignant le Hamas comme un mouvement terroriste, au même titre que l’organisation Etat islamique. Le président de l’AP, Mahmoud Abbas, décèle là une marge de manœuvre étroite. Il sait qu’il doit donner des gages et s’inscrire dans la lutte régionale contre le terrorisme décrétée par M. Trump, le 21 mai, à Riyad.
Escalade entre le Hamas et le Fatah
Dès avril, Abou Mazen – le surnom de M. Abbas – a lancé une escalade dans ses rapports avec le Hamas, en l’attaquant au portefeuille. Il a imposé une baisse des salaires (entre 30 % et 50 %) aux...