1 août 2016
BETHLEEM (Ma’an) — Cinq personnes ont été arrêtées et une autre a été blessée par la police israélienne dimanche dans le village de Bédouins non reconnu de Umm al-Hiran, alors qu’elles manifestaient dans le Sud d’Israël contre le déplacement imminent de leurs habitations, qui doivent être détruites par les autorités israéliennes et remplacées par une ville israélienne juive portant le nom d’ « Hiran », selon le magazine 972 [1].
Les forces de police israéliennes seraient arrivées à Umm al-Hiran avec un tracteur et plusieurs géomètres afin de commencer la construction d’une clôture près des habitations des villageois, apparemment pour préparer la construction de la ville majoritairement juive sensée être construite directement au sommet de leur village.
Les détenus, que 972 a identifié comme de jeunes Bédouins du lieu et le Rabbin Arik Ascherman , l’ancien président des Rabbins pour les Droits de l’Homme, auraient été libérés dimanche soir, tandis qu’une femme aurait été hospitalisée pour des blessures résultant de l’action de la police.
Il n’a pas été possible d’entrer directement en relation avec un porte-parole de la police en vue d’un commentaire.
Les incidents de dimanche ont marqué un autre point dans la bataille longue de plusieurs années entre les villageois de Umm al-Hiran et le gouvernement israélien.
La communauté villageoise de Umm al-Hiran — comptant environ 700 habitants — comme beaucoup de villages de Bédouins en Israël et en Cisjordanie occupée, n’est pas reconnue par le gouvernement israélien. Les terres des habitants ont été réclamées par l’état d’Israël en 2013 afin de laisser place à l’extension de la zone métropolitaine Beersheba, et à la nouvelle ville d’Hiran prévue dans les plans d’aménagement .
Les habitants d’Umm al-Hiran ne constituent qu’une partie des milliers de Bédouins qui habitent dans les villages non reconnus du Néguev et qui sont menacés d’être déplacés en raison des politiques israéliennes dont les critiques soutiennent qu’elles constituent un nettoyage ethnique.
Les membres de la communauté ont fait appel de leur déplacement devant la justice en 2015 aux motifs que l’administration militaire israélienne a en 1956 donné l’ordre que la communauté soit déplacée vers cette zone, mais l’appel a été rejeté.
Selon 972, en 1956 l’administration militaire israélienne a déplacé de force la famille Abu Qian — qui vivait dans une région appelée Khirbet Zubaleh avant la création en 1948 de l’état d’Israël — vers le lieu actuel de Umm al-Hiran.
Les anciennes terres des Abu Qian on été données comme terres agricoles à ce qui constitue maintenant le kibboutz israélien de Shoval.
Bien que la famille Abu Qian ait été installée à Umm al-Hiran par le gouvernement israélien lui-même, et que leur réinstallation forcée ait été enregistrée dans les archives de l’Etat d’Israël en tant qu’ "échange ” de terres, ses maisons n’ont jamais été raccordées aux réseaux d’électricité et d’eau, et n’ont jamais été reconnues comme ayant le droit d’exister.
Après des années d’appels pour essayer de prouver leur droit sur les terres, il a été dit en fait aux habitants de Umm al-Hiran qu’ils habitaient illégalement sur des terres appartenant à l’état. La Haute Cour de Justice d’Israël a jugé l’an dernier que l’état pouvait changer de point de vue et reprendre les terres qu’elle a données il y a des décennies à la famille.
La Cour Suprême d’Israël a rendu un jugement au début de cette année défavorable à l’appel final des habitants pour empêcher que leurs maisons soient démolies et remplacées par celles des Israéliens juifs.
“Le gouvernement n’a aucun problème avec les citoyens juifs qui habitent sur cette propriété – pourquoi donc devraient-ils avoir un problème avec nous ?” a déclaré à 972, l’année dernière, Raed Abu al-Qian, habitant et militant du village. “Ils autorisent la construction pour les Juifs de villages ruraux dans le Néguev — pourquoi pas pour nous ?"
“Nous avons toujours dit, et continuons à le dire, que nous n’avons pas d’objections à ce que des familles juives habitent ici ou près de nous – mais pas à notre place. C’est du racisme et de l’injustice,” a-t-il ajouté.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers